Europa. Allarme lingua, la denuncia di Athena

Lunario Paolo D'Arpini 13 ottobre 2016

L’Europa sta andando a rotoli proprio a causa della colonizzazione linguistica e culturale dell’inglese-americano che diffonde e impone il pensiero unico, le priorità-strategie della globalizzazione.

Un Editorial de Myriam Hadoux.

PLURILINGUISME EUROPÉEN ?

Athena est une association de fonctionnaires créée en 2006 au sein de la Commission européenne par un groupe de syndicats. Elle a pour buts de défendre et de promouvoir à la fois les langues officielles des États membres de la Communauté et la pratique du multilinguisme dans les institutions de l’Union. Récemment, Athena a conçu, en vue d’une publication sur le site de TV 5 Monde, un dossier dans lequel elle s’exprime sur le multilinguisme en Europe. Je vous en livre quelques éléments.

Athena confirme d’abord le déclin du français dans les instances européennes. Alors que, de l’origine de la Communauté aux années quatre-vingt, le français était, de loin, la langue la plus utilisée pour la rédaction des textes originaux de la Commission, actuellement 75 pour cent des documents sont rédigés en anglais contre 8 pour cent en français et 3 pour cent en allemand. Cette dérive anglo-saxonne porte atteinte non seulement à la France, à ses valeurs et à ses intérêts, mais aussi à tous les pays issus de la civilisation gréco-latine et, au-delà, à l’Union elle même. La langue structurant la pensée, cela mine le substrat culturel européen, notamment en matière de droit qui, dans la plupart des pays de l’Europe continentale, plonge ses racines dans le droit romain et le Code Napoléon.

Selon Athena, ce virage vers le tout-anglais n’est pas le fait d’un hasard ou d’une fatalité, mais le résultat d’une stratégie bien précise mise au point pendant le mandat du commissaire britannique Neil Kinnock. En tant que vice-président de la Commission, il détenait un énorme pouvoir sur les services les plus sensibles sur le plan linguistique : personnel et administration, traduction, informatique. Neil Kinnock, sous couvert d’un pragmatisme anglo-saxon, a démantelé les services préexistants et leur mode de fonctionnement ; il les a par surcroît en partie privatisés.

C’est d’autant plus grave que l’Union européenne légifère sur des sujets qui influent directement sur la vie quotidienne des citoyens européens. Toute législation européenne devrait donc être élaborée en associant l’ensemble des parties. Et cela ne peut se faire que si les institutions européennes sont en mesure de s’exprimer dans chacune de leurs langues. Les pères fondateurs avaient bien compris cela. Ils avaient organisé en conséquence les services administratifs des institutions, complétés, parachevés et épaulés par des services linguistiques qui visaient l’excellence et permettaient aux fonctionnaires de pratiquer un multilinguisme intégral. Aujourd’hui, cette Europe démocratique et responsable envers tous ses citoyens a vécu. L’Union patauge et se fourvoie dans les dérives de la mondialisation qui aboutit à l’uniformisation, donc à l’appauvrissement, au lieu d’exalter la diversité culturelle, le respect des identités et l’égalité de tous les citoyens.

Ce faisant, on ne respecte ni les engagements pris lors de l’adhésion au projet d’intégration ou lors de la signature des traités ultérieurs, ni l’intérêt général. On a dérivé vers une stratégie de caractère néocolonialiste inspirée et dirigée par ceux qui veulent imposer une seule langue, c’est-à-dire une seule culture et donc un seul mode de pensée. Quant aux Français, ils portent une lourde responsabilité, non seulement parce qu’ils ne réagissent pas contre l’anglicisation, mais aussi parce qu’ils se plient en trop grand nombre, parfois avec enthousiasme, au mouvement anglicisant.

Athena s’inscrit en faux contre l’idée que ce mouvement serait la conséquence des élargissements européens. En fait, l’élargissement à vingt-sept pays a été utilisé comme arme d’appui à l’anglicisation. Alors même que, parmi les langues de l’Union à quinze, l’allemand et le français prévalaient dans les pays de l’Est sollicitant l’adhésion, on leur a arbitrairement imposé de la négocier en anglais. Certains, qui avaient préparé la négociation avec des experts nationaux parlant français, ont été renvoyés, et il leur a été demandé de revenir avec des négociateurs parlant anglais. Ces pays se sont sentis contraints d’accepter l’anglais comme langue de travail de crainte d’être déboutés.

Au-delà, il y a maintenant un système efficace de filtrage à l’embauche des nouveaux fonctionnaires, favorable aux anglophones. Le recours à l’anglais comme seule langue de travail est d’autant plus délétère que près de la moitié des fonctionnaires européens sont issus de pays latins et vivent dans une ville où l’on parle majoritairement le français.

Athena précise encore que l’anglicisation des instances européennes va de pair avec une “anglo-saxonisation” des valeurs (politiques, économiques ou autres) de l’Europe. Et c’est bien là le plus grave, le plus préoccupant et le plus dangereux. Les institutions européennes sont submergées par une stratégie qui vise à instaurer une nouvelle forme de pensée uniformisée sur le modèle anglo-saxon mondialisé : droit et législation, statut des fonctionnaires, syndicats, etc.

Pourtant, ce mouvement n’est pas inéluctable puisque le cadre juridico-institutionnel des traités protège les citoyens ; le traité de Lisbonne reconnaît aux États membres le droit à la protection et à l’épanouissement de leur langue, de leur culture et de leur identité. Mais il ne faudrait pas trop tarder à faire valoir ces droits ni à les exercer, parce que, avec le temps, tout droit délaissé devient caduc !

Ah ! Bien sûr ! Je vous entends me dire : « Qu’est-ce que je peux y faire ? » C’est un sujet sur lequel je reviendrai, une autre fois !

Myriam Hadoux

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